Les photos nous sont adressées par Eric :
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A PROPOS DU MINIOU
J’ai déniché ce voilier sur les hauteurs de Cannes en octobre 2005. Son précédent propriétaire n’avait navigué qu’une poignée de milles en méditerranée. Stocké dans un hangar depuis 4 ans, il était flambant neuf et brut de chantier.
Après un hiver passé dans un chantier ami à le préparer à mon goût, je l’ai mis à l’eau en mars 2006. Mes sorties en mer se déroulent en Bretagne sud, du Golf du Morbihan à Concarneau : un terrain de jeu idéal, parsemé d’îles plus jolies les unes que les autres où j’embarque très régulièrement mes enfants de 3 et 5 ans.
Le Miniou est le fruit de la collaboration, à la fin des années 90, du chantier Espace Vag avec le Centre Nautique des Glénans. La carène de ce voilier est celle du Glénan 5,70 à bord de laquelle des milliers de stagiaires ont fait leurs premières armes.
Largement éprouvée, cette carène est revisitée par l’architecte G. PLESSIS qui propose au chantier Espace Vag une version habitable, à tirant d’eau modulable et servie par un gréement de qualité.
Le Miniou hérite donc de son aîné un caractère bien typé où performances et plaisir sous voile constituent à priori l’argument numéro un. Il n’en conserve pas moins tous les attributs de la petite croisière : baille à mouillage, capot avant, 4 couchettes, un bloc cuisine et un bon volume de rangement.
Le concept du Miniou s’adresse davantage me semble t-il aux anciens du dériveur ou du quillard de sport, pour qui trouver un abri bien équipé et chaleureux l’emporte sur l’ambiance caravaning de certaines unités de même catégorie...
Plutôt que de se positionner en miniature de course, le Miniou se révèle toujours facile : avec un plan anti-dérive efficace, un rapport de lest conséquent, ce voilier stable et rapide se mène comme une mobylette, y compris dans une mer formée. Sa vitesse moyenne permet d’envisager en effet des étapes journalières de 30 milles sans se fatiguer.
La qualité du gréement Sparcraft, inhabituelle sur ce type d’unité, rassure dans la brise et permet d’exploiter au mieux le plan de voilure : une grande voile à fort rond de chute et entièrement lattée, dotée de trois bandes de ri, un génois sur enrouleur et un spi asymétrique amuré sur un bout-dehors qui glisse dans le rond inox de la cadène d’étai.
Le plan de pont est en conséquence et on y trouve tout ce qu’il faut : un accastillage d’origine de bonne facture, des barbers de génois, un long rail de grand-voile réglable par palan.
A ces qualités marines s’ajoute un vaste cockpit en mesure d’accueillir quatre adultes. Il s’ouvre sur une jupe de 80 cm de profondeur : une configuration intéressante en navigation côtière quand il s’agit de pêche à la traîne, de baignade ou de débarquement... Cerise sur le gâteau, la chaise moteur coulisse sur un rail et protége ainsi le HB, accessoirement centre le poids.
Le rangement n’a pas été oublié puisqu’au delà des disponibilités intérieures sous les assises, un volume de 30 litres immédiatement sous la descente peut recevoir une petite glacière. Le cockpit dispose d’un grand coffre central parfaitement étanche où je stocke 30 litres d’eau douce, un mouillage lourd, aussières, un jerry-can d’essence de 5 l, le sceau de rigueur... Le Miniou est naturellement un peu « sur le nez » et l’emplacement de ce coffre optimise le centrage de l’armement lourd qui pénalise inévitablement une petite unité.
Sur la plage avant, une baille à mouillage ne me sert qu’à stocker un mouillage léger, les encombrants pare-battages et accessoires de plongée.
Le Miniou se régale de navigation côtière puisqu’il peut se poser sur n’importe quelle plage. Son lest est constitué d’une quille sabre à bulbe. Elle se relève dans son puits à l’aide d’un système de potence équipée d’un treuil dont la démultiplication est adaptée et sure (vis sans fin). Cette configuration de lest a l’avantage de disposer d’un centre de gravité très bas et l’inconvénient de faire gîter le voilier de quelques degrés lorsqu’il se pose sur la grève, le bulbe restant en dessous du puit de quille.
Dès les premiers milles parcourus à bord en situation de brise, je me suis aperçu d’une dureté importante de la barre et d’un système de blocage du safran en position basse qui laissait à désirer. La gentillesse et la disponibilité de l’architecte du Miniou m’a permis de régler rapidement ce défaut de jeunesse, en optimisant la compensation du safran et en mettant au point un système de verrouillage digne de ce nom.
L’autre détail que je règle actuellement au sec est le parfait calage de la quille dans son logement : les guides en téflon méritent de mon point de vue un usinage plus précis que celui défini à l’origine.
Il n’est un secret pour personne qu’un petit bateau génère des petits soucis et je dois dire que la manutention du Miniou est déconcertante de facilité, en particulier la mise à l’eau qui s’appuie sur une remorque bien étudiée et un mat qui pivote sur son axe à l’embase. Je ne réaliserais pas il est vrai cette opération tous les jours mais deux personnes averties se contentent de deux heures pour préparer l’ensemble.
A l’issue de cette première saison pendant laquelle j’ai navigué quelques 1200 milles, je suis bluffé par les qualités marines de ce modeste voilier, la chaleur de son intérieur vaigré de bois...et lui trouve en définitive bien peu de défaut.
La dimension généreuse du cockpit se paye en revanche par un espace de dégagement réduit en bas de la descente. Le point de fragilité du concept en navigation côtière reste la quille sabre en cas de talonnage : sondeur, anticipation et vigilance s’imposent.
Eric ALLANO
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CARACTERISTIQUES DU MINIOU
Longueur de coque : 5,70 m
Longueur hors tout : 6,00 m
Maître Bau : 2,48 m
Tirant d’eau : 0,25 / 1,05 m
Déplacement : 850 kg
Lest : 370 kg
Tirant d’air : 8,80 m
Grand-voile : 14 m2
Solent : 6 m2
Spi : 20 m2
Matériau : Polyester
Architecte : Plessis
Chantier : Espace Vag de 1997 à 2002
Homologation CE : Catégorie C, 5 personnes.
Nombre d’exemplaires construits : 10
Prix en 2000 :20 000 Euros avec voiles et remorque, sans option.