Néo-Rétro, le Haber 660 est un fifty en polyester construit en Pologne par le chantier Yacht Service. D’une longueur de 6,6 mètres pour 2,5 mètres de large, il est motorisé par un moteur inboard diesel de 16cv. C’est un petit croiseur côtier de catégorie C au look et au confort digne d’un croiseur familiale. C’est un jouet pour adulte, d’où le nom de baptême de celui-ci : Epicurien !
Rétro : Le gréement a cela d’original qu’il est aurique. Composé d’un mât et d’une corne que l’on doit hisser et sur laquelle est fixée la grand voile, le gréement demande un peu d’habitude, et les ajustements sont importants, en particulier pour esquiver tous mauvais plis dans la voile. Le constructeur, heureusement, fournis une documentation des plus complète (bien qu’exclusivement en Allemand dans notre cas). Le génois est sur enrouleur. La surface est de 12,4 mètres carrés pour la grand-voile et de 9 mètres carrés pour le génois. La hauteur du mât varie donc de 5,6 mètres à sec à 7,6 mètres toutes voiles dehors.
Sa carène est assez volumineuse, avec son étrave peu pentue et ses entrées d’eau assez fines. C’est donc une
invitation au confort, et il ne faudra pas viser les performances sous voile à tous prix. La vitesse s’établira autour des 4 à 5 nœuds au maximum.
La dérive est rétractable et le tirant d’eau varie de 0,4 à 1,45 mètre.
L’électronique est assez élémentaire à la base et se limite à un « bidata Log + speedo + température » fixé dans le cockpit. Les transducteurs sont aisément accessibles et se situent dans l’un des coffres de la cabine. Pour alimenter en électricité les instruments du bord, et le moteur ; 2 batteries sont installées sous le cockpit. L’une pour les accessoires (110Ah) et l’autre pour le démarrage du moteur (55ah). L’ensemble de ce pack peut aussi être rechargé grâce au chargeur Viktron placé également sous le cockpit.
La principale caractéristique du cockpit réside dans la cette casquette qui protège la descente mais également du vent les passagers qui le désirent. Elle permet de s’installer confortablement callé, dos à la marche du navire, protégé ainsi des embruns. Le cockpit est bordé de
teak, ce qui donne un petit côté chaleureux à l’ensemble. La barre est franche. 3 grands coffres renferment assez d’espace pour ranger défenses, cordages, batteries, réservoir de mazout, filtre à eau. Le cockpit est pensé pour la croisière avant tout, et non pour la régate.
Toutefois, on regrettera de ne pas avoir plus de possibilités de ramener l’ensemble des manœuvres dans cet espace et il faudra parfois se diriger vers le pied de mât pour y retrouver un winch servant à la montée de la corne de ce gréement aurique. La circulation dans le cockpit est assez aisée, seul le point d’écoute représente un obstacle, la barre franche se relève au mouillage. Le barreur, posté sur 2 strapontins en bois fixés sur le haut du cockpit appréciera tout d’abord la vue, mais aussi d’avoir à porté de main l’accès aux 2 winchs ainsi qu’à l’écoute de grand voile et aux commandes du moteur.
Le pont offre des mains courantes sur toute la longueur du roof. Le pied de mât permet, grâce à un arceau en inox d’y fixer sont harnais et d’effectuer les manœuvres nécessaires : commande de grand-voile mais aussi de rabattage du mât, cette dernière opération demandant approximativement 15 minutes avec un peu d’expérience. Les passavants sont assez larges, et une filière tout autour du bateau augmente le sentiment de sécurité. Une étrave terminée par un travail de l’inox de bonne qualité et d’un élément en teack constitue un petit plus pour la ligne générale du bateau.
A l’intérieur, le bois est incontournable. Clair ou foncé au choix, c’est un mobilier assez simple mais de bon goût, et de bonne facture. Le roof se prolonge jusqu’à l’avant
du voilier pour plus de volume à l’intérieur. La hauteur sous barrots est exceptionnelle pour un bateau de cette taille : 1,86 mètres ! L’aération est laissée à 2 hublots sur les côtés et 1 capot ouvrant vers l’avant et situé au-dessus du lit.
Dans le carré, la table est un espace multifonctions. Elle est confortable à condition de n’y manger qu’à deux, et dans ce cas, on sera attentif à son verre car située à bâbord, elle entraîne un peu de gîte avec 2 adultes assis face-à-face. En navigation, elle devient la table à carte, avec son plexiglas sous lequel on glissera la table des marées ou encore la carte. L’ordinateur portable pourra être callé dessus. Enfin, au mouillage, elle s’abaisse et se transforme en un lit double, mais il faut considérer cela plutôt comme un lit d’une personne (taille 1m60 sur 1m). Des placards sont dissimulés un peu partout : sous les coussins de la table, du lit mais aussi sous l’évier et la gazinière, ainsi que sous le cockpit. L’accès au moteur se fait par le cockpit, mais aussi latéralement par les placards situés derrière le coussin bâbord en rentrant, derrière les marches de la descente et enfin par une
trappe de visite située dans la petite salle d’eau. La luminosité est assurée par l’ensemble des plexiglas situé tout autour de la cabine, offrant une vision presque panoramique, à condition d’être debout, ce qui ne représente pas un problème (rappel : hauteur sous barrot de 1m86 !). La cuisine est équipée d’un seul bec, c’est un brûleur à alcool domestique. Des petits rangements sont prévus derrière l’évier et la gazinière, mais aussi dans une petite étagère à droite du meuble cuisine, en hauteur. L’eau froide est sous pression et le réservoir de 50 litres est situé sous le plancher du lit avant. La taille du lit dans la pointe est exceptionnelle à nouveau pour ce type de bateau : 1,9 x 2 mètres, tout est pensé ici pour des adultes modernes de grandes tailles !
Une petite salle d’eau avec un évier et son robinet ainsi qu’un wc chimique est située au pied de la descente sur tribord. Elle est assez volumineuse et empiète beaucoup sur le carré. Bien vu toutefois, les espaces sous l’évier, mais aussi cette petite ingéniosité : derrière le wc se trouve l’espace de rangement des 3 panneaux composants la porte d’entrée du voilier. Petit regret toutefois, si vous cherchez à faire sécher votre ciré en rentrant, il faudra le faire dans la salle d’eau et cela sera au détriment de son utilisation.
L’ensemble de l’accastillage sort presque entièrement du catalogue de l’équipementier Hollandais VETUS.
En navigation : Comme il s’agit d’un fifty, il faut étudier les 2 possibilités qui nous sont offertes de pratiquer. Au moteur tout d’abord. Motorisé par un moteur VETUS (qui est en fait un moteur Mitsubishi marinisé) de 16cv, le comportement est assez sain. Hormis un couple important faisant rapidement cavité notre hélice dès que l’on enclenche une marche arrière, ce qui, au-début, nous aura
un peu déconcerté avant que l’on ne constate que pour éviter justement cette cavitation omniprésente que nous ne comprenions pas (était-ce dû au couple important, a la taille de notre hélice tripale ?), il ne fallait pas que
l’équipier soit à l’étrave. Bref, tout le monde dans le cockpit, et cette fois, plus de problèmes, notre voilier recule et manœuvre ! L’insonorisation est assez efficace, et la vitesse à 1500tr/min se situe vers 4 nœuds. La surpuissance de ce moteur sera surtout nécessaire pour remonter un courant sur les fleuves ou pour maintenir un régime de sécurité. Les valeurs de consommation sont plus que convenables, notre consommation de l’heure, à vitesse de croisière, s’établit à quelques décilitres seulement de mazout, notre réservoir de 20 litres nous offre une autonomie (théorique) de 80 milles.
Au vent : le bateau prend de la gîte rapidement, mais il se calle rapidement sur son cap et il est presque possible de relâcher à cet instant la barre franche. On peut influer sur son comportement, et toutes les réactions se font sentir dans la barre qui durcit ou molli selon l’allure. Cependant, il faudra veiller à prendre un ris dès que le vent pointe le bout de son nez, voir 2, car trop de vent n’est pas la tasse de thé de ce haber taillé pour la navigation tranquille ! On veillera donc à prendre un ris (ou deux) dès que l’on atteint des vents modérés.
Conclusion : Ce petit bateau ne cache pas son invitation à la croisière côtière, voir, mieux encore, les lacs et les eaux intérieurs. Point de régates, de performances mais bien des petites sorties tranquilles, au gré du vent. Prévu pour la navigation au week-end, il s’acquittera aisément d’une petite croisière à 2 durant plusieurs jours. Confortable mais pas trop, il répond à un contexte économique caractérisé par la diminution des coûts de production en proposant des éléments simples, éprouvés et adaptés à l’ensemble de la gamme. Economique aussi, car ce petit voilier au look rétro, s’affiche à un prix de base de 28.000€. Enfin, transportable, mais avec le permis adéquat, il sera le partenaire immanquable de mes prochaines vacances durant, je l’espère, de très longues années !
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